Étude expérimentale et modélisation multi-échelles du comportement hygro-mécanique des matériaux poreux de construction

Au LMSSC, Paris, le 25 janvier 2018 à 14h

Chady El Hachem
ATER, LMSSC, Cnam, Paris

L'habitat sain est le thème central des réflexions contemporaines du domaine du bâtiment élargies à l'environnement. Il comporte des préoccupations notables en matière de santé, de consommation énergétique (la ventillation, le chauffage, la climatisation et l'eau chaude), d'impacts environnementaux et de durabilité des matériaux de construction. Le choix préliminaire des matériaux utilisés pour la construction joue un rôle important dans la réussite d'un projet HQE (Haute Qualité Environnementale). Dans ce contexte, la problématique de prévision des champs de température et d'humidité demeure essentielle à l'intérieur des matériaux poreux de construction, où les matériaux biosourcés font l'objet d'un fort intérêt vu leurs qualités environnementales.

Les matériaux biosourcés, étant hygroscopiques, ont tendance à absorber ou à restituer l'humidité, ce qui génère respectivement un gonflement ou un retrait. À l'échelle microscopique, l'humidité prend place soit par l'absorption de l'eau liée par les fibres, soit par l'existence d'eau libre dans les pores. Cette complexité des phénomènes microscopiques dans les matériaux biosourcés mène à une forte interaction entre l'aspect mécanique et les aspects de transferts de masse et de chaleur. L'existence de ce couplage est susceptible de modifier sensiblement les performances thermiques du bâtiment, et même sa durabilité.

L'objectif visé par ce travail de thèse est l'étude et l'analyse microscopique du comportement hygrique des matériaux poreux de construction. L'aspect mécanique couplé à l'aspect hygrique est abordé en prenant en considération les déformations locales de gonflement - retrait, et leur impact sur l'hystérésis de teneur en eau. La maîtrise de ce couplage est primordiale tant sur le plan de la prédiction de la qualité des ambiances habitables que sur l'évaluation de la durabilité de ces structures. Le projet de thèse consiste à travailler à la fois sur les aspects modélisation, caractérisation et mesure des transferts hygriques.

La quantification de ces phénomènes est réalisée à travers des campagnes de mesures expérimentales basées sur des techniques d'imagerie 3D (micro-tomographie aux rayons X). Le recours à la diffraction aux rayons X (DRX), à la corrélation d'images volumique, ainsi qu'à la résonance magnétique nucléaire (RMN) permet d'avoir une meilleure compréhension des échanges entre la matrice solide et l'eau liée et/ou libre. Tous ces travaux ont mené à une meilleure caractérisation de la morphologie du bois d'épicéa à l'échelle microscopique, ainsi qu'à une meilleure estimation des diverses variations dimensionnelles (gonflement) à l'échelle des parois cellulaires et de leurs constituants chimiques.

Les résultats numériques obtenus sur la structure réelle 3D du matériau ont été couplés aux mesures expérimentales à travers la corrélation d'images volumiques (micro-tomographie aux rayons X) afin d'identifier les prorpiétés intrinsèques des phénomènes et du matériau. Ces travaux de thèse constitueront une base scientifique permettant une meilleure modélisation du couplage mécanique avec les transferts de chaleur et de masse dans les matériaux biosourcés.